Bienvenue au potager bio

Au fil des mois ce blog déroulera le calendrier des travaux et des récoltes du potager. Les productions sont écoulées au travers de l'AMAP de Petit-Moindou.

samedi 12 décembre 2015

Patates douces

Les voyages de la patate douce à travers le pacifique depuis l'an mille (thèse de Caroline Roullier en 2013).

 

 

 

jeudi 10 décembre 2015

Encore une victoire de la fertilité libre.

 

Dans cette butte de montagne à Canala

Du bois mort de la forêt

Du fumier de cheval composté

Du travail partagé

Des boutures des champs des vieux

Des graines des potagers de la côte

De l"eau du creek

La pluie en fin de soirée

De belles et saines récoltes en perspective.

 

mardi 1 décembre 2015

"Permaculture" en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Extrait de : « L'agriculture vivrière mélanésienne », par Jacques Barrau, édité par la Commission du pacifique Sud, en 1955 .

Dans ce chapitre, l'auteur, agronome et ethnobotaniste, décrit ses observations des systèmes agricoles de haute altitude en Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans les années 1950. Jacques Barrau nous permet ainsi de découvrir un système de « buttes permanentes » ou de « permaculture » certainement très ancien.

« A partir de 1500 mètres, les cultures vivrières tropicales telles que les ignames, taros et bananiers, ne sont plus profitables. Une seule plante à tubercule est d'une production relativement satisfaisante. C'est la patate douce, culture vivrière de base des montagnards de la Nouvelle-Guinée. Mais si cette culture est la seule intéressante, elle n'est pas pour autant facile. On s'en rendra compte par l'exemple de l'agriculture indigène de la région des lacs Wissel (…).

Les jardins y sont situés soit dans la plaine marécageuse, soit sur le coteaux. Même sur ces derniers le drainage est nécessaire. Il est réalisé en aménageant le sol en billons carrés de 2 à 3 mètres de côté entourés de fossés souvent profonds de plus d'un mètre. Au moment du débroussage qui précède l'érection du billon, l'herbe haute est arrachée et disposée en tas à l'emplacement de chacun des monticules à ériger. Ensuite on laisse l'herbe croître à nouveau de façon à bénéficier des produits d'un second débroussage qui sont entassés sur ceux du précédent. Autour de chaque tas de chaume, les fossés sont ensuite creusés.

La terre et la boue sont alors rejetées sur la paille pourrie et ainsi s'édifient les billons. Ceux-ci sont ensuite régulièrement rechargés avec la boue organique provenant du curage périodique des fossés.

Le jardin est soigneusement enclos pour le protéger contre les incursions des porcs. Les barrières sont d'intéressantes réalisations techniques que l'autochtone met à l'abri des variations climatiques en les protégeant d'un véritable toit de chaume disposé sur leur faîte.

En général, au long de cette barrière et à l'extérieur du jardin, court un fossé de drainage plus profond que celui qui entoure les billons. A l'intérieur de la barrière et tout au long de celle-ci, est aménagé un billon continu où croissent de nombreuses herbes dont les feuilles complètent la patate douce dans le régime alimentaire de ces régions. Parmi ces herbes, on peut citer Setaria palmaefolia, Amaranthus hybridus, Solanum nigrum, une acanthacée qui est probablement Rungia, une malvacée stérile et paraissant atteinte de nanisme, qui doit être Hibiscus manihot. Enfin des Colocasia y sont aussi cultivés, mais seulement pour leur feuilles. Dolichos lablab et une légumineuse à racines comestibles qui doit être un Pueraria s'y rencontrent aussi.

Près de la maison, toujours bâtie dans l'enceinte du jardin, croissent quelques bananiers et cannes à sucre ainsi qu'une canne à inflorescences comestibles qui est probablement Saccharum edule.

Cette agriculture, d'une technique fort avancée, se caractérise donc :
- d'une part, par ce véritable compostage que constituent les apports de paille et de boue organique sur les billons. Son but est, d'après les autochtones, de « réchauffer  les sol » ;
- d'autre part, par le drainage qui constitue une réalisation technique remarquable.(…)

Dès qu'un billon est récolté, on le recharge en boue et en paille et on le replante à nouveau en patates douces. Ceci pendant parfois plus de deux à trois ans dans le cas des jardins de coteau. Sur les sols marécageux de plaine, les jardins dureraient plus longtemps encore.(…)

En compensation de cette sédentarité, le compostage est utilisé pour préserver la fertilité du sol. (…)
Dans ces régions, la surface moyenne par tête est de 5 à 8 ares. »

---------------------------------------------------------------------------------------
Remarques:
Solanum nigra = brède morelle; Colocasia = taro d'eau; Dolichos lablab = haricot-dolique; Hibiscus manihot = chou kanak; Pueraria = magnagna (kechö).